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Henry: Surprenant et surpris...

Deux demies contrastantes au niveau tactique.

FBL-CONCACAF-SAPRISSA-MONTREAL
Thierry Henry, à son premier match comme entraineur-chef de l’Impact, a livré une bataille tactique intéressante à son adversaire Walter Centeno.
Photo by JOHN DURAN/AFP via Getty Images

Si l’arrivée en poste de Thierry Henry à la barre de l’Impact a fait beaucoup de bruit, le moins qu’on puisse dire est que sa stratégie pour préparer son équipe lors du camp d’entraînement a été beaucoup plus discrète. Le peu d’information disponible sur la nouvelle version du club a sans doute donné des maux de têtes à Walter Centeno, entraîneur-chef du Deportivo Saprissa. C’est même à se demander s’il a été en mesure d’offrir à ses joueurs une séance vidéo sur les tendances de leurs rivaux de premier tour de la Ligue des champions de la CONCACAF. Certes, des vidéos sur les habiletés et habitudes individuelles des joueurs de l’Impact seront toujours disponibles. Pour ce qui est du système de jeu qu’emploierait les Montréalais, rien. Il aurait donc été très naïf de la part de Centeno de s’attendre à une formule s’approchant à celle de Rémi Garde ou de Wilmer Cabrera. Thierry Henry avait promis qu’il entraînerait son club à sa propre manière, parole qu’il a tenu.

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Orji Okwonkwo a réduit au silence une foule déjà peu bruyante en début de match. L’ailier nigérien dû quitter sur blessure quelques instants après l’ouverture du score.
Photo by JOHN DURAN/AFP via Getty Images

C’est dans un Estadio Ricardo Saprissa hostile que l’entraîneur français a imposé pour la première fois son empreinte sur le onze montréalais. Un système 5-2-3, très peu orthodoxe, mais drôlement efficace en début de match. En effet, les joueurs de Saprissa ont semblé déstabilisés par la disposition tactique de leur adversaire. Certains avaient anticipé que le 5-2-3 déguisait un 3-4-3 qui impliquerait un apport offensif de Zachary Brault-Guillard et Jorge Corrales. Toutefois, les deux défenseurs latéraux semblaient avoir comme consigne de s’impliquer dans l’attaque seulement lorsque l’IMFC avait le plein contrôle du ballon, profondément en territoire ennemi.

Ce fait nous amène donc à parler des milieux de terrains Samuel Piette et Amar Sejdic. En première demie surtout, le 5-2-3 de l’Impact était très assumé et ce système à deux milieux s’appliquait également en poursuite du ballon. Cette stratégie a fait en sorte de demander énormément de travail aux deux joueurs, qui de sont dépensés sans relâche. Bien qu’hésitants à quelques occasions, le travail du duo montréalais a donné raison à Henry de couper dans ses ressources au milieu.

En attaque, Orji Okwonkwo (remplacé hâtivement par Maxi Urruti) et Romell Quioto avaient comme intentions d’occuper les espaces laissés vacants par les défenseurs latéraux adverses. Bojan, pour sa part, travaillait comme maraudeur en décrochant pour demander le ballon plus bas que ses ailiers, en position de faux 9. La vitesse en contre-attaque des deux joueurs de couloir était bien exploitée, surtout lorsque alimentés par des ballons intelligents de la part de Bojan. Le but de Quioto est un exemple probant.

Après 45 minutes, Henry avait remporté la bataille tactique, en plus de voir son équipe mener par deux buts. Des ajustements étaient donc imminents pour les Costaricains.

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Jorge Corrales, reconnu comme un défenseur latéral à caractère offensif, a eu à ajuster son jeu durant la partie. Durant de longues minutes en deuxième demie, lui et Zachary Brault-Guillard ont été emprisonnés profondément dans leur propre territoire.
Photo by JOHN DURAN/AFP via Getty Images

Le premier gros changement pour Saprissa est d’avoir abandonné le plan initial pour s’ajuster à l’Impact et exploiter les faiblesses présentées par ce système de jeu non-conventionnel. Inévitablement, Piette et Sejdic allaient se fatiguer, forçant d’autres joueurs à compenser. Les Costaricains ont donc commencé à attaquer sans relâche le centre du terrain en surnombrant le duo montréalais. Ce fait a souvent forcé Rod Fanni à quitter sa position pour prêter main forte aux milieux. Jukka Raitala et Joel Waterman, face à cette situation, devaient se serrer près de Fanni pour le couvrir. L’effet boule de neige a fait en sorte que Jorge Corrales et Zach Brault-Guillard ont libéré leurs ailes pour fermer les espaces laissés vacants par les autres défenseurs. C’est à ce moment que le ballon était dirigé vers les ailiers de Saprissa, laissés libres sur leurs côtés respectifs. Les adversaires qui avaient surnombrés Piette et Sejdic n’avaient qu’à foncer vers le but Montréalais pour récupérer le centre subséquent.

Ce sont sur deux centres à partir de leur aile droite que les Costaricains ont créé leurs buts, mais la préparation de ces réalisations découlait d’un travail tactique solide pendant les quinze minutes de pause. En fin de match, le 5-2-3 de l’Impact est effectivement devenu un 5-4-1. À ce moment, par contre, les Costaricains avaient accumulé énormément de rythme et de confiance en leurs moyens.

Il serait trop facile de dire que Thierry Henry aurait du modifier son système de jeu plus tôt, pour répondre aux ajustements de ses adversaires. Les circonstances du match ont fait en sorte que l’entraîneur de l’Impact n’a pas eu le loisir de faire une seule substitution à caractère uniquement tactique. Rudy Camacho, Orji Okwonkwo et Romell Quioto sont tous les trois sortis sur blessure, les deux premiers en début de match. Le plan initial fonctionnait tellement bien en première demie, que de garder la même disposition tactique en deuxième ne devait pas sembler inquiétante pour la suite des choses. De surcroît, en laissant trois joueurs assez haut sur le terrain, la possibilité de compter un troisième, voire même un quatrième but à l’étranger se voulait bien réelle et alléchante.

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Malgré un gros effort de son équipe, Thierry Henry a dû quitter le sol costaricain avec une nulle en poche. L’imagination au niveau tactique du Français semble de bonne augure pour la suite des choses.
Photo by JOHN DURAN/AFP via Getty Images

Est-ce que Thierry Henry est à blâmer pour la deuxième demie? Il serait très malhonnête de répondre par la positive. Des circonstances difficiles lui ont été présenté en cours de match alors que l’IMFC était en pleine possession de ses moyens. Également, des blessures à des joueurs clés, avant et pendant le match se sont éventuellement fait sentir. Mais surtout, le travail d’analyse d’un entraîneur adverse rusé qui a complètement effacé ce qui était dessiné au tableau pour tout recommencer à la mi-temps.

Une très belle confrontation tactique se dessine pour le match décisif à Montréal dans moins d’une semaine. Il sera intéressant de voir si Henry nous réserve une autre surprise ou si le tableau du vestiaire montréalais, lui, est écrit au marqueur indélébile.