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Le dépit en Bleu-Blanc-Noir : Retour sur une situation difficile à vivre

Troisième match et troisième défaite pour l'Impact de Montréal dans cette saison 2014 de la MLS. Le public est reparti frustré du Stade Olympique, mais n'était-ce que de la frustration? Retour sur une situation difficile à vivre.

Eric Bolte-USA TODAY Sports

Dépit: nom masculin
Irritation légère causée par une déception, une blessure d'amour-propre, amertume, rancoeur passagère.

Ressentir le dépit, c'est l'exprimer: un visage fermé, les sourcils froncés, le verbe sévère.Le dépit, bien que passager, fait mal. Pourtant, avant d'être dépit, il était espoir, rendant sa disparition encore plus douloureuse.

La fête avait été appelé, organisée depuis des mois. Le peuple montréalais était prêt, chauffé à blanc pour faire résonner les travées du Stade Olympique. Nous devions être des dizaines de milliers à scander le nom de nos héros, à leur rappeler que ce Stade, c'est aussi le notre, comme une deuxième maison où l'on a vécu certaines des plus belles heures de notre histoire.

Mais la neige est venue tout gâcher, car Montréal n'est pas une ville comme les autres. Montréal est la seule ville où la neige peut empêcher un match dans un stade couvert, provoquant l'ire des partisans, des dirigeants et de la presse.

"Ridiculisés planétairement" titrait le Journal de Montréal. Sans basculer dans l'excès, il s'agissait bien là d'un couac de plus dans cette campagne encore toute jeune.

En décalant le match d'une journée, le staff du bleu-blanc-noir savait qu'il prenait le risque de perdre des partisans et le Stade fut, en effet, une immense coquille bien vide où les fans, qui garnissaient de manière éparse les gradins, eurent bien du mal à se mettre dans l'ambiance.

La faute aussi à une prestation sans saveur et sans conviction de l'équipe. On se dit que ce début de saison n'est pas une sinécure, mais qu'il aura, au moins, permis de faire passer l'équipe au révélateur.

Nous nous doutions que, de part la qualité de son effectif, la formation montréalaise ne réitérerait pas sa saison canon de l'an dernier. D'abord parce que l'effet de surprise est maintenant passé, mais aussi parce l'équipe est loin d'être saturé de talents.

Comme si aucun joueur n'était présentement capable de hausser le niveau de l'équipe. J'étendais les suppliques des gens autour de moi, espérant le retour de Marco Di Vaio, comme s'il était capable de gommer les errements de l'équipe toute entière.

Mais Di Vaio n'est pas un messie et, même s'il peut faire de nettes différences, n'est pas capable de transformer cette équipe, tout simplement car il n'est pas, et n'a jamais été, un joueur de tout premier plan.

Pour réussir ce changement, il faut investir. Pas parce que nos adversaires le font, mais parce que c'est ainsi que cela fonctionne dans les ligues majeures, et en MLS en particulier. L'argent est le nerf de la guerre...malheureusement.

Lorsque samedi matin j'ai lu l'entretien de Joey Saputo dans La Presse, j'ai eu quelques faiblesses. Selon lui, l'équipe survivra avec des investissements mineurs. Pas question pour lui d'injecter des millions pour un joueur d'envergure si on peut en attirer un pour un million ou deux.

Nos adversaires, qui ne sont pas nécessairement des exemples à suivre comme je l'ai dit plus haut, ont du recruter des joueurs majeurs pour se métamorphoser: Beckham, Henry, ou plus récemment Defoe.

Lorsqu'on sait qu'un Didier Drogba sera libre en juin, on se demande pourquoi ce dernier ne viendrait pas poser ses pénates dans notre belle ville? Tout simplement parce Joey Saputo n'est pas prêt à déposer 8 millions sur la table pour l'y attirer. Nous devrons donc nous contenter d'un joueur de second plan, probablement bon, mais pas extraordinaire.

Joey Saputo a un leitmotiv: s'appuyer sur les succès de l'an passé pour continuer à progresser. En conclusion: donner du temps au temps.

Le problème est que le public nord-américain, québécois en particulier, est sevré de sport spectacle. Le soccer, même s'il commence à s'implanter petit à petit dans les habitudes, a encore besoin d'aide pour s'installer durablement dans les moeurs.

C'est pourquoi je prédis qu'avec des prestations aussi indigestes le public sera de moins en moins au rendez-vous. Et qui dit moins de public, dit moins d'intérêt et moins de revenus.

Avouons-le tout de go, avec trois défaites en trois matchs, notre succès cette saison est déjà bien hypothéqué. Pas tant sur le plan comptable que sur le plan mental. Il va falloir à l'équipe un déclic rapide pour ne pas qu'elle se perde, déclic que pourrait être l'annonce de l'acquisition d'une star, une vraie.

Et quand je parle de star, je ne parle pas d'Ignacio Piatti, de plus en plus annoncé comme troisième joueur designé de l'équipe. Mais qui est vraiment ce Ignacio Piatti? Qui peut prétendre véritablement le connaître? Peu de monde...

Voulons-nous devenir des Chivas USA, des faire-valoir pour les grosses équipes? Personnellement, je n'en ai pas envie.

J'espère que les prochains matchs me donneront torts, sinon ce n'est plus du dépit que nous vivrons, mais de la tristesse. La tristesse de voir notre équipe et notre belle ville s'effacer peu à peu de la carte du soccer nord-américain.