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Je vous le donne en mille dès le départ : j'ai longtemps été dans "l'autre équipe". Né dans un village de 3 000 personnes en Gaspésie tout ce qu'il y a de plus québécois et classique, c'est dès l'âge de trois ou quatre ans que je me suis plu à faire écarquiller les yeux des oncles, clients de mon père et autres commis d'épicerie du coin qui n'en revenaient pas que je puisse nommer avec succès les noms des joueurs portant le 16 à St-Louis, le 10 à Vancouver ou le 2 à New-York.
Bref, j'ai été un vrai de vrai et cela a perduré jusqu'au plus récent "lock-out" de la LNH. Complètement écoeuré de la stupidité consommée de plusieurs acteurs majeurs de ce cirque qu'était devenu la meilleure ligue de mon sport d'enfance (à peine sept ans s'étaient écoulées entre le précédent lock-out et celui-ci, c'est dire!), j'ai décroché et n'ai plus jamais regardé derrière. Aujourd'hui, plus d'amerture, que de l'indifférence. Tant mieux s'ils gagnent, sinon...
Le soccer, chez moi, c'était le sport de la récréation étant jeune. J'ai beaucoup aimé y jouer, mais je ne connaissais rien des pros. Personne dans mon entourage ne s'y connaissait non plus. J'ai bien vu à Sports 30 un bon jour vers la fin de mon primaire qu'un club appelé l'Impact venait de voir le jour et qu'ils avaient l'air bon.
Cependant, impossible de voir rien d'autre que de petites séquences à 700 km de Montréal et à une époque où tu étais le roi de ton quartier avec un Pentium 100 megahertz. Oublions le streaming, on s'entend. Sans oublier que le club évoluait dans des ligues à la visibilité moindre.
Mon éveil pour le soccer professionnel : 1998, la France, j'ai 11 ans. Un groupe de trois ou quatre amis et moi, on tombe sur quelques reportages dans les jours avant l'événement et on se dit qu'on veut suivre ça. Entendre quelques jouralistes prétendre que c'est "plus gros que la Coupe Stanley' était un argument béton pour nous.
Mes amis, influencés par les pronostics, se rangent tous derrière le Brésil. Moi, j'avais plutôt remarqué le mec à la calvitie naissante qui parlait français et vers qui le ballon semblait carrément être aimanté. Quel Mondial il a connu!
Au bout des 90 minutes de la finale, j'étais le seul à lever les bras au ciel dans le salon de celui du groupe qui avait la plus grosse télé. Je me souviens encore très bien de ces images qui contredisaient le dicton disant que nul n'est prophète en son pays.
Quelque chose venait de naître. L'intérêt demeura constant, mais ne passa jamais au niveau supérieur par manque de sentiment d'appartenance envers une équipe autre que les Bleus. Pas de championnat, pas de club fétiche. Début 2012, j'ai suivi avec intérêt les préparatifs de la première saison en MLS de l'Impact, la couverture médiatique étant désormais suffisante pour pouvoir me sentir interpelé malgré la distance qui me sépare de la métropole.
J'ai regardé les matches préparatoires, les premiers de la saison. Puis, au final, je n'en ai toujours pas raté un seul depuis l'entrée en MLS. Parce que ce que j'y ai trouvé, c'est beau. C'est fort. Ce club, c'est une bribe de chacun de nous.
-C'est le Québec moderne, à travers sa métropole, qui tend la main au reste du monde et se met au diapason.
-C'est une bande de gars passionnés et attachants comme pas possible qui sont demeurés cent fois plus accessibles et terre-à-terres que les athlètes de certains autres sports majeurs.
-Ce sont des joueurs de classe mondiale qu'il aurait été impensable d'avoir ici il y a deux ou trois ans à peine et d'autres jeunes d'ici ou qui ont choisi d'embrasser l'endroit qui se joignent au club de plus en plus.
-C'est l'incarnation de l'esprit de communauté, une vingtaine de mecs d'un peu partout au monde fiers de porter le bleu et blanc, la fleur de lys, de venir s'installer chez nous et travailler emsemble. Pour se défoncer, pour nous divertir, pour l'amour du jeu, celui qui nous unit, nous, public tout aussi hétéroclite que l'alignement mais au fond, si homogène à la fois.
-C'est un propriétaire au sang bouillant qui aime son club comme la prunelle de ses yeux, qui est près des fans et veut prendre les grands moyens pour gagner, dans lequel on se reconnaît.
-C'est une équipe multimédia qui fait un travail magnifique pour saisir pour nous l'intensité de l'action et nous la transmettre.
-Ce sont des partisans géniaux qui adorent leur club et sont très engagés, mais qui savent plus souvent qu'autrement s'exprimer et débattre dans le respect et le calme entre eux. Le groupe UM02 me rend fier quelque soit le stade qu'ils visitent portant nos couleurs.
-Ce sont des gens, des médias compétents, professionnels et de plus en plus nombreux qui savent mettre en valeur le produit présenté : les Jean Gounelle, Patrick Leduc, Olivier Brett, Frederic Lord, Pascal Milano et Mathias Van Halst pour ne nommer que ceux-là.
-C'est une part de la ligue sportive la plus en croissance en Amérique du Nord, ligue qui gagne en crédibilité chaque jour.
-C'est la rivalité Québec/Ontario à une intensité qui n'existe plus dans les autres sports.
En 2014, c'est à mon humble avis la meilleure façon de se reconnecter avec l'essence même du sport professionnel: passion, intensité, soif de victoire. Pas de tapis rouges, de cheerleaders ou de joueurs qui font la grève pour obtenir 12 millions au lieu de 10. Juste du sport.
Je disais au départ que j'ai été dans "l'autre équipe" pendant longtemps. Ce n'est en fait qu'une façon imagée de dire qu'on peut très bien devenir un ardent partisan sans nécessairement ne jurer que par le ballon rond depuis sa tendre enfance.
Je ne mets pas vraiment en opposition le soccer et l'Impact avec les autres sports. Il est évidemment tout à fait possible d'être à la fois partisan de l'Impact et du Canadien ou de toute autre équipe. Seulement, personnellement, ce que j'ai toujours aimé du sport, c'est désormais à l'Impact que je peux le retrouver.
Oh! Il s'en trouvera toujours pour demeurer collé au réducteur "C'est plein de "fakeux" et y a jamais de but". J'en ai peut-être même été jusqu'à un certain degré étant plus jeune.
Par contre, en ouvrant un peu ses yeux et son esprit, on se rend compte que de résumer le jeu à cela serait aussi insensé et peu véridique que de prétendre que le hockey est un sport de barbares parce qu'il y a des mises en échec et des projectiles qui se promènent à 160 km/h à travers des joueurs parfois sans visière.
Peut-être certains de ceux-ci sont tombés sur un seul très mauvais match la saison dernière et ont laissés tomber. D'autres croient peut-être que la MLS est encore d'un très mauvais calibre. Moi, j'ai envie de leur dire : essayez. Cherchez ce dont j'ai parlé ci-haut, je suis convaincu que vous trouverez.
À partir de là, on se voit sur les forums de discussion ou au Stade Saputo cet été?
"Que tu sois blanc, noir, bleu, mauve, jaune avec des pitons, j'm'en sacre ! Tout ce que je veux savoir, c'est si t'es de notre bord. Pis si t'es de notre bord, t'es mon frère." -Pierre Falardeau
Allez Montréal!
Montreal Impact : same love, different reasons
À venir...!